Depuis son lancement en 2019, le Plan d’Épargne Retraite (PER) a transformé le paysage de l’épargne en France. En 2025, il s’impose comme un pilier essentiel pour préparer sa retraite. Ce succès s’explique par des avantages fiscaux attractifs, une flexibilité accrue et une prise de conscience croissante de la nécessité d’anticiper sa retraite.
Une adoption massive du Plan d’Épargne Retraite (PER)
Fin mars 2024, le PER comptait 10,4 millions de titulaires, avec un encours total de 108,8 milliards d’euros. Cette adoption massive témoigne de la confiance des épargnants français envers ce dispositif. Cependant, une partie de cette croissance résulte du transfert d’anciens produits d’épargne retraite vers le PER, phénomène parfois qualifié d' »effet coucou ». En excluant ces transferts, l’encours s’élève à 37,8 milliards d’euros, reflétant une collecte nette significative.
Les avantages du Plan d’Épargne Retraite (PER)
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Avantages fiscaux
Le PER offre des déductions fiscales sur les versements volontaires, permettant aux épargnants de réduire leur impôt sur le revenu. Cette incitation fiscale est particulièrement attractive pour les contribuables fortement imposés, les encourageant à épargner davantage pour leur retraite.
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Flexibilité accrue
Contrairement aux anciens produits d’épargne retraite, le PER permet une sortie en capital ou en rente viagère au moment de la retraite. De plus, il offre la possibilité de débloquer les fonds de manière anticipée pour l’achat de la résidence principale ou en cas de situations exceptionnelles, telles qu’une invalidité ou un surendettement.
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Diversité des supports d’investissement
À partir d’octobre 2024, une part minimale de l’épargne investie dans un PER doit être allouée à des actifs non cotés, variant entre 2 % et 15 % selon le profil d’investissement. Cette mesure vise à dynamiser le financement des entreprises et à diversifier les placements des épargnants.
Les défis persistants du Plan d’Épargne Retraite (PER)
Malgré ses avantages, le PER est parfois perçu comme complexe. Les conditions de sortie, les options d’investissement et les frais associés peuvent décourager certains épargnants. Une meilleure information et une simplification des offres pourraient lever ces obstacles.
Concurrence des autres produits d’épargne
L’assurance-vie toujours en tête
L’assurance-vie demeure le placement favori des Français avec un encours dépassant les 1 900 milliards d’euros en 2025. Son succès repose sur plusieurs atouts. D’abord, sa liquidité : contrairement au PER, les fonds peuvent être retirés à tout moment, bien que la fiscalité soit plus avantageuse après huit ans de détention. Ensuite, la fiscalité sur les gains est attractive, avec une imposition réduite sur les rachats après huit ans et des abattements intéressants en cas de succession.
En outre, l’assurance-vie offre une grande diversité de supports d’investissement. Les épargnants ont le choix entre des fonds en euros, garantissant le capital, et des unités de compte (UC) permettant d’investir en actions, obligations, immobilier ou fonds diversifiés. Depuis 2023, les assureurs ont aussi intégré des supports en private equity et en infrastructure, répondant ainsi à une demande croissante pour des investissements plus dynamiques.
Le PER face à l’assurance-vie
Pour concurrencer l’assurance-vie, le PER doit surmonter plusieurs défis. D’abord, sa liquidité limitée : contrairement à l’assurance-vie, l’épargne est bloquée jusqu’à la retraite, sauf cas exceptionnels. Cette contrainte freine certains épargnants, notamment les jeunes actifs qui privilégient des placements plus flexibles.
Ensuite, les frais : bien que la réglementation ait favorisé plus de transparence, les frais de gestion du PER restent parfois plus élevés que ceux des contrats d’assurance-vie. Pour séduire davantage d’épargnants, certains gestionnaires réduisent progressivement ces coûts et proposent des offres simplifiées, avec des supports d’investissement plus performants et accessibles.
Enfin, la concurrence fiscale : si le PER permet de déduire les versements du revenu imposable, l’imposition à la sortie (sur le capital et les gains) peut être un frein, en particulier pour ceux qui anticipent une baisse de la fiscalité future. À l’inverse, l’assurance-vie offre une fiscalité plus douce sur les rachats et une transmission du capital optimisée en cas de décès.
Livret A et autres livrets réglementés
Bien que le Livret A offre une liquidité totale et une exonération d’impôt, son taux d’intérêt, gelé à 3 % jusqu’à fin janvier 2025, reste inférieur aux rendements potentiels du PER. Cependant, la sécurité et la disponibilité immédiate des fonds du Livret A en font un complément au PER plutôt qu’un concurrent direct.
Plan d’Épargne en Actions (PEA)
Le PEA, destiné à l’investissement en actions européennes, offre une fiscalité avantageuse après cinq ans de détention. Avec l’introduction du PER, certains épargnants diversifient leurs placements en combinant PEA et PER, profitant ainsi des avantages spécifiques de chaque produit.
La riposte des assureurs
Face à l’essor du PER, les compagnies d’assurance adaptent leurs offres. Elles développent des contrats d’assurance-vie intégrant des options de sortie en rente, un mode de liquidation traditionnellement associé au PER. Certaines compagnies proposent également des assurances-vie hybrides, combinant les avantages des fonds en euros et des UC, tout en introduisant des garanties de capital à long terme.
De plus, l’apparition des contrats d’assurance-vie « eurocroissance 2.0« , favorisant un investissement partiel en actifs risqués tout en garantissant une performance minimale sur huit ans, constitue une alternative crédible au PER. Ces produits séduisent les épargnants recherchant un meilleur équilibre entre rendement et sécurité.
Vers une évolution du marché
Pour s’imposer face à ces alternatives, le PER doit continuer à évoluer. Les acteurs du marché travaillent à la réduction des frais, à l’amélioration de la transparence et à l’élargissement des options d’investissement. L’enjeu est de rendre le PER aussi attractif que l’assurance-vie tout en conservant ses spécificités fiscales et patrimoniales.
Perspectives d’avenir
Pour renforcer l’attractivité du PER, les acteurs du marché travaillent à la simplification des offres et à la réduction des frais. Des campagnes de sensibilisation sont également menées pour informer le public des avantages du PER et des stratégies d’épargne retraite. Parallèlement, les pouvoirs publics envisagent des ajustements réglementaires pour encourager davantage l’épargne longue et soutenir l’économie réelle.
Voir aussi : Évolution des retraites en France, perspectives et actualités 2025
En 2025, le Plan d’Épargne Retraite s’affirme comme un outil incontournable pour préparer sa retraite en France. Son succès repose sur des avantages fiscaux attractifs, une flexibilité adaptée aux besoins des épargnants et une diversification des supports d’investissement. Toutefois, pour pérenniser cette dynamique, il est essentiel de poursuivre les efforts de simplification, de transparence et d’information auprès du grand public.