Finances publiques, vers une réforme de l’abattement fiscal des retraités

abattement fiscal

Face à un déficit public prévu à 6,1 % du PIB en 2024, le gouvernement français cherche des solutions pour réduire ce chiffre à 5 % en 2025. Parmi les mesures envisagées, la suppression de l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions de retraite est au centre des débats.

Historique et fonctionnement de l’abattement fiscal de 10 %

Instauré en 1978, cet abattement vise à alléger la charge fiscale des retraités en réduisant leur revenu imposable de 10 %, avec un plafond fixé à 4 321 euros par an. Contrairement aux actifs, qui peuvent déduire des frais professionnels réels ou opter pour un abattement forfaitaire, les retraités bénéficient systématiquement de cette réduction. Initialement conçu pour compenser l’absence de frais professionnels déductibles pour les retraités, il s’aligne sur l’abattement forfaitaire accordé aux actifs. Toutefois, certains estiment que cet avantage n’est plus justifié, les retraités n’ayant pas de frais professionnels à déduire.

Arguments en faveur de la suppression

Le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) et le président du Medef, Patrick Martin, estiment que cet abattement est inéquitable et coûteux pour l’État, représentant une dépense annuelle d’environ 4,5 milliards d’euros. Ils soulignent que cette mesure bénéficie également aux retraités les plus aisés, renforçant les inégalités fiscales.

Conséquences pour les retraités

La suppression de cet abattement toucherait environ 8,4 millions de retraités, soit la moitié d’entre eux. Parmi ces derniers, certains deviendraient imposables, alors qu’ils ne le sont pas actuellement. Par exemple, un retraité percevant une pension de 1 542 euros mensuels, actuellement non imposable, devrait s’acquitter de 272 euros d’impôt annuel en cas de suppression de l’abattement.

Selon France Info, la suppression de cet avantage fiscal pourrait permettre à l’État d’économiser entre 4 et 5 milliards d’euros par an.

La suppression de cet abattement toucherait principalement les retraités aux revenus moyens et élevés.

Selon une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), les retraités déclarant moins de 19 500 euros de revenus annuels resteraient non imposables. En revanche, ceux déclarant entre 25 500 et 30 000 euros verraient leur impôt augmenter d’environ 200 euros par an, tandis que les retraités aux revenus supérieurs à 55 000 euros subiraient une hausse d’impôt de 700 à 800 euros annuels.

Alternatives moins pénalisantes envisageables

Plutôt que de supprimer l’abattement, d’autres options pourraient être envisagées pour renflouer les caisses de l’État sans pénaliser les retraités modestes :

  • Ciblage des hauts revenus : Augmenter la contribution des retraités aux pensions élevées en réintroduisant une contribution sociale généralisée (CSG) spécifique, générant potentiellement 1,8 milliard d’euros par an.
  • Réduction d’autres niches fiscales : Limiter certaines réductions d’impôt, comme le crédit d’impôt pour l’emploi à domicile ou les frais de scolarité, pourrait rapporter environ 770 millions d’euros.

Voir aussi – Le Plan d’Épargne Retraite (PER) : un succès en 2025

La suppression de l’abattement fiscal de 10 % sur les retraites est une mesure envisagée pour réduire le déficit public. Toutefois, son impact sur les retraités, notamment les plus modestes, soulève des inquiétudes. Des alternatives ciblant les hauts revenus ou d’autres niches fiscales pourraient offrir des solutions plus équilibrées pour améliorer les finances publiques sans accroître les inégalités. Sujet brûlant à suivre!

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