Dans un contexte économique tendu, les PME doivent faire preuve d’une vigilance constante dans leur gestion de trésorerie. Si le recours au crédit est une solution fréquemment envisagée, il existe pourtant de nombreuses sources de liquidités internes, souvent méconnues ou négligées. Cet article propose une exploration approfondie des « trésoreries cachées » des entreprises, afin d’optimiser leur solidité financière sans endettement supplémentaire.
1. Comprendre les bases du BFR pour mieux le piloter
Le Besoin en Fonds de Roulement (BFR) est un indicateur clé qui reflète le besoin de financement né entre les encaissements et les décaissements.
Renégocier les délais fournisseurs
Beaucoup de PME se contentent des conditions imposées par leurs fournisseurs sans chercher à les négocier. Pourtant, un simple report de paiement de 15 jours peut soulager la trésorerie de manière significative. Cette démarche n’implique pas de coûts directs et peut être bénéfique des deux côtés si elle est bien argumentée.
Accélérer les encaissements clients
La rapidité des paiements clients constitue un levier essentiel. Des outils simples comme la facturation immédiate, les relances automatisées ou encore des incitations à règlement anticipé (escomptes) peuvent réduire considérablement le DSO (Days Sales Outstanding).
Réduire les stocks dormants
Les stocks immobilisent inutilement de la trésorerie. Une gestion plus fine des approvisionnements et l’écoulement des invendus peuvent libérer des liquidités précieuses.
2. Identifier les crédits d’impôts et aides méconnues
Le crédit d’impôt recherche (CIR) et innovation
De nombreuses PME ignorent qu’elles sont éligibles au CIR, notamment pour des activités de développement produit ou logiciel. Une simple mission exploratoire avec l’aide d’un expert-comptable permet de vérifier l’admissibilité des projets.
Crédit d’impôt formation du dirigeant
Souvent oublié, ce crédit permet de récupérer une partie des frais liés à la formation du dirigeant. Ce dispositif, bien que modeste, contribue à une meilleure gestion globale des budgets de formation.
TVA et cotisations trop-payées
Une révision périodique des déclarations de TVA peut faire apparaître des trop-versés. Il en va de même pour les cotisations sociales. Par exemple, un changement de statut juridique ou de convention collective mal pris en compte peut engendrer des cotisations en double.
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3. Exploiter les créances oubliées ou en sommeil
Factures non émises
Il arrive que certaines prestations soient réalisées mais jamais facturées, notamment dans les TPE où les processus sont peu formalisés. Un audit interne semestriel peut aider à détecter ces oublis.
Créances non relancées
Un poste client mal suivi entraîne des retards d’encaissement. Les relances personnalisées et les solutions d’affacturage ponctuel permettent de mobiliser rapidement ces sommes.
Créances prescrites ou litigieuses
Certaines créances, même anciennes, peuvent être recouvrées à l’amiable ou par le biais d’un contentieux. Une analyse de l’ancienneté et de la nature des impayés est indispensable.
4. Capital humain : une ressource financière indirecte
Valoriser les compétences internes
De nombreuses compétences restent sous-exploitées : un comptable peut avoir des compétences en systèmes d’information, un chef de projet peut assurer la formation de clients. L’idée est de monnayer ou d’utiliser ces savoir-faire en interne plutôt que de recourir systématiquement à des prestataires.
Externaliser les compétences excédentaires
Certains profils peuvent temporairement être mis à disposition d’autres structures ou contribuer à des projets partagés inter-entreprises. Cela permet de mutualiser les coûts et de créer de nouvelles sources de revenus.
5. Démarches pratiques : instaurer une culture du « repérage »
Check-list trésorerie à revoir chaque trimestre
Mettre en place un document simple recensant les postes à vérifier régulièrement :
- Avances non soldées
- Avoirs fournisseurs non utilisés
- Crédits d’impôts en attente de remboursement
- Délais clients supérieurs aux conditions générales
Implication du cabinet fiduciaire
Le cabinet comptable n’est pas seulement un prestataire administratif. Il peut jouer un rôle clé dans la mise en place d’indicateurs d’alerte, la détection de trop-perçus, l’éligibilité à certains dispositifs ou la renégociation de certaines charges.
Audit annuel orienté « liquidités dormantes »
En complément du bilan comptable, organiser un audit de fin d’année spécialement axé sur la recherche d’économies, de sources de financement internes et de leviers trésorerie non exploités.
Une mine d’or à explorer sans crédit
Dans la gestion quotidienne d’une PME, les difficultés de trésorerie ne sont pas une fatalité. Une partie des solutions réside dans l’observation attentive de l’interne. Plutôt que de s’orienter systématiquement vers les banques, les dirigeants gagneraient à cultiver une véritable stratégie d’optimisation interne.
Un accompagnement régulier par un cabinet fiduciaire, couplé à une implication active du dirigeant dans la lecture de ses indicateurs, peut transformer une trésorerie sous pression en un outil de croissance.
Mieux gérer, c’est d’abord mieux repérer.